dimanche, janvier 28, 2007


Histoire de droitier N°102

Puisqu’il fallait sortir, il fallait sortir. Il n’avait pas retrouvé sa motivation. Pourtant, il l’avait cherché partout. Peut-être était elle partie avant lui à ce concert de cette chanteuse dans ce cabaret de cette ville. Il décida donc d’aller retrouver sa motivation sur place. Il espérait qu’ayant marre de l’attendre, elle ne soit pas déjà repartie. Arrivée sur place. Endroit très calme. Pas plus d’une dizaine de personnes. Presque frais. Dix minutes plus tard, nettement moins calme. Température agréable, au milieu d’une cinquantaine de personnes. Il se demanda s’il n’avait pas aperçu sa motivation près du bar. Il s’y dirigea afin de vérifier la qualité du whisky et la température du glaçon. A la deuxième gorgée, il avait retrouvé sa motivation, souriante, accoudée au comptoir. Il sourit lui aussi. Dix minutes plus tard, plus calme du tout. Les trois cent personnes chauffaient bien la salle, au propre et au figuré. Surtout au propre, car il faisait tellement chaud qu’un sauna n’y aurait pas retrouvé ses petits. Densité palpable de l’air. Il fallait vite choisir entre émeute et chansons. Ce fut chansons. Quand la chanteuse arriva sur scène, il ne put rien dire, le souffle court. Quand elle commença à chanter, il se dit la même chose : Rien. Densité du moment, identique à l’air ambiant. Il se laissa porter par cette voix, féline et toute en muscles. Au début de la première chanson, elle le regardait. Lui… Bien sur que non. Comment pouvait-elle le voir, avec les spots dans la figure, lui à dix mètres dans la foule, et elle ne le connaissait même pas. Pourtant elle le regardait, à le faire frissonner. Sa motivation tressautait à côté de lui. Il s’installa confortablement dans la moiteur dense des chansons. Un délice… Mais les meilleures choses ayant malheureusement souvent une fin, plus tard, il rentra chez lui, un sourire tatoué sur le visage, et sa motivation doucement endormie sur son épaule. Il sut que la fois suivante, s’il ne retrouvait pas cette dernière, c’est qu’elle était partie faire la fête avant lui.
©fred theard 2006